Je viens d'une famille un peu atypique, dans le sens où mon père m'a presque élevée toute mon enfance et ma mère partait au
travail pour nous faire vivre. Au début des années 80, c'était plutôt rare de voir ce genre de schéma familial.
Il était donc évident que mon monde tournait autour de mon père et que ma mère était un peu mise à l'écart, à son grand
désarroi. Il faut dire aussi qu'elle n'était pas toujours très patiente et qu'elle n'a jamais été très affectueuse. Non pas qu'elle me fasse du mal ou quoi que ce soit, mais ma mère était et est
toujours un peu brusque.
Mon père me berçait parfois pendant des heures pour me faire dormir, il me dorlotait et j'étais sa petite fille
adorée.
Puis les années ont passé, je me suis forgé mon propre caractère, mes propres opinions et j'ai vu le vrai visage de mon
père.
Attention, pas violent, pas méchant, mais jaloux, prudent à outrance, suspicieux et étouffant.
La preuve, ma mère a perdu contact avec presque tous ses amis et elle ne sort que rarement. Bon, elle n'est pas non
plus du genre fêtarde, mais son cercle de connaissances s'est peu à peu étriqué jusuq'à devenir quasi inexistant.
Mon père, lui passait d'un ami à l'autre, s'entichant de quelqu'un pour un temps, ne jurant que par lui, puis s'en
désitéressait pour se trouver un nouveau grand meilleur ami, comme un gosse. Il rentrait à des heures impossibles, ne prévenait pas et ramenait ses "amis" pas toujours très nets je dois
dire...
Tout ça pour dire qu'il était un grand enfant et que tout le "sale boulot" gestion du budget familial, courses, ménage et
paperasses échouaient à ma mère. Bon, je sais, c'est souvent le cas dans un couple, mais mon père faisait les frasques, des projets grandioses sans espoir d'aboutir et ma mère passait derrière.
Charmant...
Ma mère a souvent pensé au divorce, mais elle pensait d'abord à moi, me laisser grandir dans un foyer "uni" en me cachant le
maximum de couacs pour que je ne sois pas perturbée. Ça a bien marché jusqu'à ce que tou m'explose un peu à la tête.
Puis il est tombé malade il y a de celà 10 ans, le verdict est tombé : Parkinson.
Qu'est-ce que c'est ? Une maladie neurologique qui peut avoir deux effets : vous faire tellement trembler que vous ne pouvez
pas boire un verre d'eau sans en renverser les 3/4 ou vous bloquer, limite vous paralyser. Mon père a la deuxième sorte, plus rare.
Ma mère n'a pas voulu l'abandonner, de peur de passer pour la femme indigne qui abandonne un malade.
Mon père allait plutôt bien au début, Parkinson est une maladie évolutive qui, si on prend bien ses médicaments, peut évoluer
moins vite. Mais il ne prenait pas bien ses médicamments. Il les prenait comme ça lui chantait, une fois pas du tout, une autre en dose massive. Il s'est pourri la santé avec tout ça.
En outre, le médecin n'a jamais prévenu ma mère que ces médicaments rendaient joueur, menteur et paranoïaque et pouvaient
mener à la dépression nerveuse. Cocktaïl assez détonnant sur un terrain déjà pas mal entamé. Inutile de préciser qu'il a eu la totale...
Résultat, il a changé de médecin, marche comme un grand-père de 80 ans alors qu'il en a 55 et ne fait rien de ses journées
à part dormir et regarder la télé. Il ne fait aucun effort, ne sort presque plus et on doit se battre avec lui pour qu'il sorte un peu, qu'il mange autre chose que des sucreries et aussi qu'il
nous respecte. Si je lui fais une remarque sur le fait qu'il prend mal son traitement, qu'il devrait essayer de plus bouger pour stimuler ses muscles au lieu de les atrophier, j'ai droit à un
joli "tu m'emmerdes, occupe-toi de tes fesses". Du plus bel effet, non ?
Résultat, je suis en froid avec mon père, je n'ai plus envie de discuter avec lui, il me donne envie de le retourner et de
lui donner la fessée de sa vie. Je précise que le malaise existait bien avant le diagnostic de sa maladie, il a très mal pris le fait que je me rapproche de ma mère à la puberté.
Je n'ai pas tout dit sur les frasques pré-maladie qu'il a eues car j'en aurais eu pour des heures, mais cet article est là
pour dire que me mythe est tombé, il a chuté lourdement de son piédestal et je crois que pour ne serait-ce que se remettre à niveau, le chemin sera long et semé d'embûches. Et ce des deux
côtés...
Pathétique, n'est-ce pas ? L'image de la famille idéale a volé en éclat et les morceaux ne pourront jamais être
recollés...
Ouf, ça fait du bien de vider un peu son sac, j'ai longtemps hésité à écrire, c'est un peu décousu, sens-dessus dessous,
mais c'est le mieux que je puisse faire pour le moment.