Aujourd'hui, influencée par un article de Louve et titillée par une photo de classe datant du collège, postée sur facebook par une amie, je me dois de coucher mes réflexions et souvenirs sur le papier. Je crois que c'est un signe qui me dit : "exorcise tout ça". C'est dingue comme un blog vous rend impudique...
Comme vous le savez, je suis bourrée de complexes. Ces complexes ont été exarcerbés par le Cauchemar mais ils ont toujours été bel et bien présents. Ce qui m'étonne, c'est qu'en me replongeant dans mes souvenirs, toute petite, j'étais certes une enfant sage, mais casse-cou cependant et aussi pas timide pour un sou. J'allais facilement vers les autres enfants.
Et puis un jour, j'ignore pourquoi, j'ai commencé à me renfermer sur moi-même, me plonger dans mon imaginaire, à lire beaucoup, tout ce qui me passait sous les yeux. J'ignore quel a été le déclic franchement et ça n'a pas été en s'arrangeant.
À mon entrée au collège, tout était différent, plus grand, plus effrayant, j'ai commencé à m'enfermer de plus en plus dans ma bulle. Certes j'avais des amies, hein, mais je n'étais moi-même qu'avec elles.
J'étais demi-pensionnaire et aucune de mes amies ne l'était, j'étais livrée à moi-même au milieu d'autres jeunes vers qui je n'arrivais pas à aller. Je me suis donc retrouvée à lire, seule sur un banc en attendant l'arrivée du car qui nous emmenait au réfectoire d'un lycée proche de notre collège. Du fait que je m'isolais seule, les autres me regardaient bizarrement et se moquaient de moi. Le fossé se creusait. Étonnamment, les pions m'aimaient beaucoup par contre. Ils me trouvaient sage, réfléchie, peut-être un peu plus mûre que les autres et venaient souvent me parler. Peut-être que cela aussi contribuait à m'isoler aussi, j'étais avec les grands.
Le collège, c'est aussi la période de ma puberté, une période noire pour moi. J'étais déjà bien complexée par mon poids (tout à fait normal au demeurant) à cause de réflexions très cruelles à cause de mon nom de famille les "Lagrosse, grosse vache" fusaient pas mal et j'en ai beaucoup souffert. Au point que, le jour de mon mariage a été un moment jubilatoire pour moi...
Ensuite sont apparus ces changements dans mon corps que je ne comprenais pas, qui me terrifiaient. L'arrivée de mes "périodes lunaires", comme j'aime à les appeler, m'a plongée dans la terreur. Je me sentais souillée, impure. Je n'avais aucun pouvoir sur ce qui m'arrivait. J'ai eu d'ailleurs de nombreux accidents qui m'ont plongée dans le plus grand désarroi. Dès que ça m'arrivait, je paniquais, je n'avais pas envie d'aller à l'école et quand j'étais à la maison, je me terrais dans un coin, prostrée. Mes parents n'ont jamais rien vu, je le cachais trop bien.
Et puis est arrivé le jour fatidique de mon redoublement de ma classe de troisième. J'étais une bonne élève en français, langues et histoire, mais une quiche totale en maths et physique. C'est ce qui a précipité ma chute.
Je suis tombée dans une classe de petits bourgeois égoïstes qui se connaissaient depuis la primaire. Le clan était déjà bien formé et la timide que j'étais a été plongée dans la fosse aux lions.
Je ne m'habillais pas à la mode, je lisais, j'avais de très bonnes notes (et des notes enfin potables dans les matières que je n'appréciais pas). Je ne goûtais pas du tout à leur immaturité et à leurs jeux cruels et mesquins.
Je suis donc devenue tout naturellement leur souffre-douleur. Je dépérissais à vue d'oeil, je n'avais plus goût à rien, je m'isolais encore plus. Les mots blessants, les actes avilissants, tout y est passé. J'en suis arrivée un point que je ne supportais plus qu'on chuchote dans mon dos.
Un exemple de maltraitance ? Un jour, ils ont trouvé amusant de sauter à pieds joints sur un tube de fond de teint pour m'en maculer. Quel moment de franche rigolade pour eux ! Moi, j'étais en larmes. Pas devant eux, ça leur aurait fait trop plaisir. Mais dans mon coin.
La différence, l'individualité ils ne la toléraient pas. Certains garçons venaient même me voir et me dire en souriant narquoisement "Tu veux sortir avec moi ?" rien que pour se moquer de moi. J'aboyais un "non" vindicatif.
Je crois que c'est la seule photo de classe que je n'ai pas prise. En outre, j'étais malade le jour où elle a été prise. Un soulagement, je ne resterais pas dans les annales de cette classe honnie.
Repenser à tout ça me met encore dans des états pas possibles. Je serre les dents, tremble de colère. La blessure est encore à vif...
Puis je suis passée au lycée, j'ai trouvé un nouvel environnement, une base plus stable. Je me suis fait des amies que j'ai toujours aujourd'hui et j'ai commencé à m'ouvrir un peu au monde. J'ai découvert les sorties en boite, pris des cours d'éducation sexuelle appliqués en écoutant parler mes amies (depuis, j'aime à dire que je suis dépucelée des oreilles ;p )et je me suis sentie enfin un peu à ma place. Toujours complexée, mais plus épanouie.
Mais mon plus grand pas en avant aura été la fac. Je suis partie pour Lyon, loin de mes repères, loin de mes parents qui m'étouffaient un peu et là j'ai commencé à m'épanouir. Je suis devenue plus audacieuse, un peu moins timide. Sans doute parce que j'étais livrée à moi-même. Ça m'a donné un petit coup de pied au derrière salutaire.
J'ai rencontré des amis formidables qui me sont chers, dont ma défunte amie. Ils m'ont permis de découvrir des tas de nouvelles choses. J'ai fait un an de fac d'anglais avec eux, on a beaucoup séché, on a profité de notre vie d'étudiants. Et je me suis rendu-compte que c'était le japonais ma drogue, je suis donc partie dans cette section.
Et puis, la progression s'est arrêtée. Eh oui, j'ai rencontré le Cauchemar. J'ai stagné, voire régressé pendant 2 ans. Mais j'ai un peu repris du poil de la bête depuis, mais ceci est une autre histoire.